Une première étape vers l'autorisation du cannabis thérapeutique a été franchie en France jeudi dernier avec l'avis positif du comité d'experts nommé par le gouvernement, mais la voie reste longue avant la mise sur le marché.
Le comité d'experts mis en place par l'Agence française de sécurité du médicament (ANSM) juge "pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique (...) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance des thérapeutiques" existantes.
Il s'agit des "douleurs réfractaires aux thérapies accessibles", de "certaines formes d'épilepsies", "des soins de support en oncologie" (cancers), des "situations palliatives" et des contractions musculaires affectant les malades de sclérose en plaques.
Ce premier avis sera suivi de plusieurs mois de travail pour définir les modalités de mise à disposition du cannabis, si le comité d'experts est suivi par l'Agence du médicament. Suivra une décision politique, pour décider d'une éventuelle modification législative légalisant l'usage du cannabis thérapeutique.
"Il n'est pas sûr" que le cannabis médical puisse être mis à disposition des patients avant 2020, a estimé prudemment le professeur Nicolas Authier, président du Comité scientifique, auprès de l'AFP.
Beaucoup reste à faire: il faut encadrer la mise sur le marché et le suivi des patients. Le cannabis médical ne pourra être utilisé en première intention mais seulement en complément d'autres traitements, car les études sont trop lacunaires. "On n'a pas un niveau de preuve permettant de le prescrire en première intention", souligne le Dr Authier.
Le Comité préconise qu'"un registre national pour assurer une évaluation de son bénéfice/risque (soit mis en place), qu'une évaluation des effets indésirables soit régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance, et que la recherche soit favorisée".